Le Magnificat de Monteverdi, publié en 1610 et dédicacé au pape Paul V fait partie du « Vespro della Beata Vergine da concerto ». Cette œuvre pourrait avoir été créée en guise de portfolio pour démontrer son talent et sa versatilité à composer des œuvres musicales religieuses dans différents styles. Il pourrait aussi avoir été destinée à l'inauguration d'un nouvel ordre de chevalerie à Mantoue (sous Vincent de Gonzague, son mécène ). Ref. Tim Carter and Geoffrey Chew. "Monteverdi, Claudio.", Oxford Music Online.
Monteverdi reprend ici le modèle grégorien du Magnificat (chant antiphonique à l’origine) en articulant sa structure générale sur un cantus firmus qui migre d'une voix à l'autre au gré des passages. Il est en général accompagné par deux autres voix chantées (6 ou 7, à deux autres occasions) lesquelles sont par moments remplacées par les instruments. Il en résulte un heureux mélange de plain chant, polyphonie et instruments.
Certes, Monteverdi s’appuie sur la tradition mais exploite et récapitule également les tendances musicales de son temps en mettant notamment en pratique les principes de la seconda prattica (par ex. primauté du texte sur la musique et contrepoint plus libre). Comme dans son opéra Orfeo, il réserve les mélismes à certaines occasions (en lien avec Dieu) par ex. sur les mots «exulta» «Deo», «sanctum» et «Gloria». Il met en valeur le texte par la musique (mais aussi par le rythme qui épouse celui du langage parlé) et exploite leur potentiel émotif. On observe de nombreux effets d'écho (notamment dans «Deposuit potentes» ( répétition dans la partie des cornets) ainsi que dans «Gloria Patri» où s'opère un jeu d'écho entre le ténor et la basse) . À quelques reprises, des passages instrumentaux, utilisés comme transitions permettent au texte de respirer. Chacun des versets du texte original est mis en musique dans une partie distincte qui contraste avec la suivante et qui correspond à la « théorie des passions » en vogue à l’époque. (Par ex. la partie «Magnificat» est humble et tranquille tandis que le «Et exultavit» s’avère plus agité pour exprimer l’exaltation religieuse. Même s'il y a alternance de moments calmes et agités, l'œuvre progresse somme toute vers un sommet majestueux (Sicut erat) où foisonnent une profusion de voix qui se superposent et se mêlent aux instruments. Sur le mot «amen», les mélismes des voix des sept solistes traduisent une allégresse rythmée qui contraste avec l'aspect solennel de la Création du monde.
La partition se trouve ici.
Illustration : La Visitation, Rogier van der Weyden, vers 1435
(J'ai rédigé ce texte pour mon cours à l'U de M. J'ai tellement aimé ce Magnificat, que j'ai eu envie de vous le faire connaître...si ce n'est déjà fait...)
Et voici la musique (pour une écoute en ligne)
Claudio Monteverdi (1567-1643) : Vespro della Beata Vergine
2 CD Naïve OP30405.
Avec :
Roberta Invernizzi, Monica Piccinini, Anna Simboli (sopranos)
Sara Mingardo (contralto)
Francesco Ghelardini (alto)
Vincenzo di Donato, Luca Dordolo, Gianluca Ferrarini (ténors)
Pietro Spagnoli, Furio Zanasi (barytons)
Antonio Abete, Daniele Carnovich (basses)
Concerto Italiano, direction : Rinaldo Alessandrini.
Enregistré en avril 2004 au Palazzo Farnese, Rome. TT : 1h45’27’’
mercredi 21 avril 2010
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1 commentaire:
Merci pour cet article bien détaillé!
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